L'avenir
Je pense vraiment que l'art développe notre capacité
à nous comprendre et bien sûr à comprendre
le monde.
La grande instabilité actuelle, les attentats catastrophiques
récents, l'excessive consommation, les guerres passées
ou latentes influencent bien sûr les artistes, surtout
ceux de la performance qui s'inspirent des problèmes sociaux
et politiques pour alimenter la conscience collective de notre
époque.
Outre le fait que la Performance ne soit pas soutenue dans nos
pays occidentaux, l'on constate même un réel désir
de la cantonner dans la plus grande discrétion possible.
Dérangeante, la Performance ?
En tout cas elle se trouve réduite à une confidentialité
forcée dû aux manques de moyens financiers nécessaires
à sa promotion et à une communication pouvant toucher
un plus large public. En France, l'approche pédagogique
autour de cette discipline n'est surtout pas abordée par
les diverses écoles d'art.
Son refus de rentrer dans un système commercial ne lui
donne aucune aura auprès des entrepreneurs de cette société
marchande toujours plus encline au profit.
Sa résistance au phénomène de mode ne lui
renvoie qu'un faible écho médiatique.
La liberté de cette forme artistique prend donc une importance
capitale et nous devons être vigilant à préserver
son existence.
Au terme de baromètre, il convient de rajouter celui
de contrepoids indispensable à notre société
actuelle. J'ajouterai le rôle de rebelle solitaire tenu
par les performeurs et les organisateurs de Festival de Performance.
Il n'est nul besoin de revitaliser l'art performance, car cette
discipline continue d'exister et de se développer tout
autour du monde. Continuons à enfoncer le clou. À
chaque événement, un public de plus en plus large
prend part, découvre souvent aussi cette discipline artistique
et l'apprécie. Full Nelson Festival 2002 à Los
Angeles, organisé par Jamie Mc Murry, a réuni au
moins 250 personnes dans un théâtre de Downtown.
Jamie
Mc Murry, Festival Amorph 01, Finlande.
Cette forme de résistance active a toujours dérangé,
car elle découvre des choses que l'on préfère
ignorer. Sa principale qualité pour n'en citer qu'une
serait son indépendance. Et ne paye t-on pas toujours
pour son indépendance ?
L'Association des Organisateurs Internationaux d'événements
d'Art Performance (IAPAO, www .iapao.net), a été
créée à Essen (Allemagne) pendant la 11e
conférence sur l'Art Performance organisée par
Boris Nieslony au mois d'avril 2003.
L'association IAPAO, gigantesque centrale d'information sur l'art
performance, sert entre autres, à se faire connaître
de nos ministères respectifs et à être enfin
considéré en tant que part entière de la
création artistique actuelle.
Je signalerai l'importance du travail effectué à
Québec par le Lieu dont Inter la revue est une source
inépuisable de renseignements sur la Performance. Un pavé
de 500 pages, intitulés l'Art Action de 1958 à
1998 couvre 4 décennies de pratiques artistiques dans
l'action.
H.Meyer,
M.Teubner
Je veux citer aussi le travail de recherche énorme entreprit
par Boris Nieslony en Allemagne et visible sur le site : www.
asa. de.
Et vous informez que le FRAC Corse a acheté une performance
d'Akenaton en 1998.
À ma connaissance, cela ne s'est, hélas, pas renouvelé
depuis.
Enfin je suis moi-même en train de préparer un livre.
Cet ouvrage reflètera mon point de vue sur l'art performance
international actuel, non seulement à travers le Festival
Polysonneries mais aussi grâce à tous les voyages
que j'ai pu faire à travers le monde et les recherches
élaborées autour de cette discipline artistique.
Polysonneries aujourd'hui.
C'est avec beaucoup d'amertume que le Festival s'est vu pour
l'année 2003, à cause du manque de soutien de la
Ville de Lyon et du Ministère de la Culture local, en
l'état actuel des engagements financiers des divers partenaires,
réglementairement contraint à renoncer à
la subvention européenne.
Il est bon de préciser que l'engagement des instances
locales est obligatoire pour le fonctionnement européen.
Quel incroyable gaspillage, sans oublier l'ensemble du travail
d'ores et déjà consacré en pure perte à
la préparation de l'édition 2003 !
Laquelle, entre autres choses, prévoyait une collaboration
poussée avec la Finlande et la Belgique. À Helsinki
par le biais de Frame (Finish Fund for Art Exchange) et l'Académie
des Beaux Arts d'Helsinki, et avec l'Echevinat d'Ixelles à
Bruxelles. Le Festival devait se dérouler aussi dans ces
2 pays.
M.
Laplante
Le constat est affligeant !
Comment se résoudre sans amertume à la perte d'un
des rares lieux de découvertes et confrontation dévolus
à la Performance et à l'authenticité créative
qu'elle incarne ? Comment envisager l'activité des organisateurs
d'événements liés à pareils domaines
si celle-ci peut, d'une année sur l'autre, être
totalement remise en cause, ce qui barre toute démarche
à long terme et interdit aussi bien la prise de risque
que la recherche ou l'audace indispensables en pareils cas. Faut-il
rappeler que, dés 1979, les Symposiums d'Art Performance
ont jeté les bases des actuelles Polysonneries ? Pourquoi
ici, à Lyon, n'y a-t-il aucune volonté de soutien
des structures indépendantes qui uvrent dans cette "
transdisciplinarité " à laquelle les discours
officiels font aujourd'hui sans cesse référence
? Pourquoi à chaque changement de municipalité,
le devenir d'une manifestation est-il remis en question ? Sommes
nous condamnés à jamais à la précarité,
soumis au caprice ou à l'incompréhension de tel
ou tel ?
MO
LIN
Plus généralement : devons-nous nous résigner
à ce que la fin de Polysonneries signifierait comme
régression et, en même temps, comme accélération
du processus qui nous entraîne vers le règne sans
partage de la culture spectaculaire et commerciale : tradition
bien pensante, institution et show business désormais
soudés et agissant de concert pour la liquidation des
espaces de liberté essentielle à la vie.
La situation est grave, il faut réagir !
A.
Bar-on
(Transart Communication)
Pour ma part, je peux d'ores et déjà annoncer
que, compte tenu de la frilosité de la politique culturelle
lyonnaise, le Festival Polysonneries ne se produira pas prochainement
à Lyon. Par contre, en 2005, de sérieux projets
de collaborations sont en train de prendre forme avec plusieurs
villes françaises et dans le cadre d'événements
prestigieux.
Qu'on se le dise !
Sylvie Ferré
|
|